Faire de l’urbanisme une démarche culturelle et participative dans les territoires ruraux et périurbains
De plus en plus de démarches urbaines participatives, culturelles, transforment la façon de concevoir l’aménagement des territoires et les programmes d’urbanisme.
Longtemps développées dans les grandes villes (politique de la Ville), elles émergent plus fortement dans les espaces ruraux et périurbains (en périphéries des villes et des villages), où elles restent encore trop souvent méconnues.
Du diagnostic à la maîtrise d’œuvre, des réalisations de préfiguration temporaires à des travaux pérennes, l’espace public se transforme alors en lieu de création et d’invention, en lieu de fabrication collective et d’usages multiples.
Il est alors considéré comme un espace culturel, où se jouent autant l’urbain que l’humain, où se croisent les cultures d’ici et d’ailleurs, où se choquent richesse et paupérisation croissante, où il est crucial de gérer les conflits autant que susciter la coopération entre populations, décideurs, professionnels, au service du cadre de vie et du bien commun.
Ces démarches rassemblent des équipes hybrides autour des habitants, des usagers et des élus : urbanistes, artistes, paysagistes, médiateurs, sociologues, architectes, agents de développement, acteurs de l’éducation populaire, acteurs culturels, partenaires publics ou privés, bailleurs, constructeurs…
Leurs pratiques sont délicates à appréhender, elles se transforment et évoluent au fur et à mesure des projets. L’éducation populaire est plus que jamais d’actualité et l’incrémentation (chère à Lucien Kroll) est à l’honneur !
En faisant du projet urbain un chantier ouvert, populaire et hospitalier, ces nouveaux acteurs prolongent les codes classiques de l’urbanisme et inventent des méthodologies de projet dans un esprit interdisciplinaire.
Les analyses et les témoignages montrent que ces processus opérationnels facilitent indéniablement l’émergence et la réalisation de projets plus durables et partagés, plus humains.
Ainsi s’explorent de nouveaux liens de coopération entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, entre praticiens, élus, populations et partenaires locaux.
Ainsi pourraient s’inventer de nouvelles politiques publiques pour le développement de ces démarches.
Ce séminaire a proposé de rendre mieux visibles ces pratiques, et d’en réunir les acteurs dans toutes leur diversité en partageant des récits d’expériences réalisées.
Son succès a clairement montré qu’il y avait un grand désir de rencontres notamment entre porteurs de projets et faiseurs de projets, un besoin important de ressources et de méthodologies (sur les 102 personnes qui ont rempli le questionnaire en fin de journée, 60 ont demandé la reconduction d’un séminaire annuel et l’accès à des ressources sur des expériences réalisées, 39 personnes ont sollicité des formations et 38 se disent volontaires pour participer à un réseau).
Sur les 186 personnes présentes, une belle diversité, ont été recensées :
- 31 représentants de structures publiques et para-publiques (CAUE, PNR, CLD,…)
- 36 représentants de collectivités locales (région, départements, intercommunalité, communes)
- 4 représentants de l’Etat (DRAC, DDT)
- 38 professionnels d’associations culturelles, d’éducation populaire, de collectifs d’artistes
- 36 professionnels d’agences ou e collectifs d’architecture et d’urbanisme
- 41 personnes indépendantes (étudiants, chercheurs, citoyens curieux).
Les suites de ce séminaire restent à inventer pour De l’aire en bonne articulation avec tous les acteurs qui oeuvrent déjà sur ces pratiques et constituent des réseaux (le Polau, la plateforme socialdesign, La 27ème région…).
Une ouverture européenne et internationale à de futures rencontres serait bienvenue pour élargir le champ d’expérience et coopérer sur de nouvelles approches…
Matthieu Cornet (président) et Elisa Dumay (coordinatrice fondatrice) // De l’aire